Hello les toutes et les tous !
Je vais vous présenter un ouvrage que j’ai dévoré très récemment. Ce n’est pas de la fiction, et ce n’est pas non plus un essai. Avant de rentrer dans le vif du sujet et vous dire ce que j’en ai pensé, je vais rapidement vous parler de l’autrice et de ce qu’elle a choisi d’exposer au monde. Parce que cela était nécessaire.

Nous qui n’existons pas est un document de non-fiction écrit par Mélanie Fazi et édité chez Dystopia Workshop. Celle-ci est connue pour son travail de traductrice et de nouvelliste. D’elle, vous pouvez lire Serpentine, Notre-Dame-aux-Écailles et Le Jardin des silences entre autres. Elle participe également au podcast Procrastination sur les questions de l’écriture, avec Lionel Davoust et Laurent Genefort.
Ce présent ouvrage retrace une expérience faite par l’autrice : celle de la différence vécue au quotidien qui a gangrené sa vie en posant son existence comme « hors de la norme ». Une différence, sa différence, n’est pas visible de prime abord, comme elle peut l’être chez un malvoyant ou une personne sourde. Non.
Mélanie Fazi raconte, avec délicatesse, sa situation. Elle se dit. Elle expose après de nombreuses années d’incompréhension sa différence : elle ne ressent pas la pulsion de vivre une aventure et de vivre en couple, rien ne la pousse à trouver cette âme sœur dont la société nous rebat les oreilles à n’en plus savoir qu’en faire.
Ce texte est issu d’un billet de blog qu’elle a posté le 26 juin 2017 intitulé « Vivre sans étiquette ». C’est ce billet qui a enclenché la rédaction puis la publication de ce bel ouvrage qui contient entre autre des illustrations réalisées par Stéphane Perger, une préface signée par l’éditeur, une postface de Léo Henry, et en annexe la présence du billet de blog qui est à l’origine de cet ouvrage.
Je ne souhaite pas en dire plus sur ce qui se trouve à l’intérieur, seulement que ce texte est une réflexion sur sa personne, sur son parcours, sur la difficulté à savoir qui elle est et qu’elle n’est pas la seule à vivre ce phénomène, et surtout que cela n’a rien d’anormal. Sa réflexion s’insère dans « le vaste champ de l’asexualité » selon une des formulations qu’elle emploie.
Dès que j’ai découvert l’existence de ce texte, j’ai souhaité le lire, d’autant plus que l’autrice sera à Rennes le 29 octobre à la Maison des Associations pour en discuter. Ce sujet m’intéresse énormément, la quête de l’identité, puisqu’il s’agit bien de cela. J’avais lu le billet de blog un peu auparavant presque par hasard, arrivé dans mon fil d’actualité Facebook, et à l’époque, je l’avais déjà trouvé passionnant ! Je m’intéresse aussi à ce sujet afin de commettre moins de bourdes, de mieux savoir gérer ma curiosité. Je me connais parfaitement, je me comporte comme un éléphant coincé dans un magasin de porcelaine quand je fais face à une situation qui me déstabilise : je pose certaines questions avec maladresse et il m’arrive de blesser les personnes en face de moi alors que telle n’était pas du tout mon intention. D’où mon envie et mon besoin d’en savoir plus : pour juguler ce genre de comportement je me renseigne et j’apprends à mesurer ma curiosité et à devenir moins envahissante.
Cela posé, j’ai trouvé ce texte formidable, car en sus d’expliquer sa propre expérience, Mélanie Fazi fait un lien vers d’autres types de différences : l’homosexualité, le fait pour une femme de ne pas vouloir d’enfant, le droit de ne pas vouloir vivre de sexualité ou au contraire d’avoir une sexualité libre, de vivre et de s’épanouir dans plusieurs relations amoureuses consenties par tous… Ce texte est libérateur pour elle mais aussi pour nous les lecteurs. Le texte n’est pas bien long, mais Mélanie Fazi est une excellente nouvelliste et maîtrise donc le format haut la main. Sa concision et sa clarté m’ont bouleversée, m’ont renvoyée à ma propre situation pour d’autres aspects de ma vie. Cette sensation d’avoir reçu d’autres règles que les autres, de ne pas tout à fait être comme eux, de vivre en marge et les réflexions qui en découlent, a fait mouche pour moi.
Je souhaite faire découvrir cet ouvrage aux autres afin que les personnes qui se posent des questions, puissent peut être mettre le doigt sur ce qu’ils ne parviennent pas à exprimer. Il est important de se rendre compte de ce qui nous fait souffrir afin de renverser la vapeur et pouvoir devenir nous mêmes,sans pour autant nous sentir anormal. Je souhaite également le faire découvrir aux gens autour de moi, afin qu’ils se questionnent, et s’adaptent – fassent le pas de côté, comme le dit si bien l’autrice – aux personnes qui sont dans leur entourage avec ce genre de questions en tête.
C’est ce que Nous qui n’existons pas de Mélanie Fazi m’a offert : une porte de sortie vers un ailleurs, que j’ai le droit d’explorer sans avoir à craindre les remarques autour de moi. J’espère qu’il pourra être votre porte de sortie pour vous trouver.
Bonne lecture,
Saraï